"Bête Noire - Condamné à plaider" - Me Eric Dupond-Moretti et Stephane Durand-Souffland

J'ai découvert cet homme, cet avocat, Me Eric Dupond-Moretti sur le plateau de ONPC un énième soir de solitude. Avec sa gueule cassé, silencieuse et méfiante, il m'apparaît un peu perdu sur le plateau, on a l'impression qu'il ne comprend pas tout ce qui se dit sur le plateau. Erreur de ma part, il analysait chacun des propos, tentait de les faire siens. L'important avant de prendre la parole c'est toujours d'avoir entendu, écouter et pris connaissance du milieu qui va nous recevoir.
Il a le visage de celui qui ne dort jamais, qui ne se rase pas ou mal du fait du manque de sommeil. Baroudeur des barreaux, il joue sur cet image de "bad guy" du bistrot.
Il a la cinquantaine, et il est avocat pénaliste depuis une trentaine d'années. Médiatisé et médiatique. Antipathique, il laisse percevoir une humanité et une sensibilité qui pourrait émouvoir.



Il me choque et me rassure durant l'émission.
On le questionne comme un reproche "Comment pouvez-vous choisir de défendre des criminels? De souhaiter l'acquittement de personnes accusés de vol, de meurtres, de viols?" et à lui de répondre le plus simplement du monde "Si je me posais la question, je ne serais pas avocat."
La réponse me paraît évidente mais elle me trouble tout de même. La journaliste/animatrice fait son travail à merveille puisqu'elle m'ôte les mots de la bouche : "Enfin, de vous à nous, vous prenez bien position, vous ne pouvez pas ne pas être partial." Me Dupond-Moretti marque un silence, la fixe le plus sincèrement dans les yeux et lui assène la même réponse. "Je suis avocat."
Cohérent et Crédible. Mais troublant. Je ne parviens pas à me faire une idée du personnage. En tout cas, pour mes jeunes yeux et mon esprit fatigué à cet instant je ne suis pas convaincue d'une forme de bienveillance qu'il veut porter.
Plus tard, Louis Aliot est aussi invité à prendre siège pour parler d'Identité Nationale : le terme en débat à la mode pendant la campagne. Celui-ci déclarera que certains français ne sont que "mi-français" par leurs parentés étrangères (si je me rappelle correctement on prenait l'exemple d'un jeune français, né sur le territoire français de mère française et de père d'origine algérienne, pour Louis Aliot ce jeune homme n'est qu'à "moitié français parce que son père est d'origine algérienne"). Il n'est pas pur sang quoi. J'ai envie d'éteindre la télé. Mais c'est Eric Dupond-Moretti qui intervient, insultant presque M. Aliot, sous couvert de défense des Droits de l'Homme. 
Le personnage, l'homme m'intéresse et je comprends qu'il fait promotion de son roman. Je l'achèterais la semaine suivante.



Je viens de le terminer.
Je ne reviendrais pas trop sur le côté "littéraire" de l'ouvrage qui ne se fait pas but d'un nouveau genre dans le sens où la langue n'est pas ré-inventée, il n'y a pas de recherches d'une démarcation artistique et ce n'est absolument pas le but visé. 
Néanmoins le récit-témoignage comporte quelques petites incohérences liées notamment à la volonté de persuader, de convaincre qu'est la parole d'un avocat. Il accuse des manœuvres qui sont usées à profit c'est-à-dire le sentimentalisme et la mise en scène. Propre à l'écriture et au témoignage, ces deux outils sont malmenés au seul profit de son narrateur et de ses deux voix, Me Eric Dupond-Moretti et Stéphane Durand-Souffland par là-même (chroniqueur judiciaire du Figaro).
Ce ne sont pas des petites fourberies sans grandes conséquences, elles ne sont que preuves plus grandes du pouvoir d'un orateur et une revendication de la place qu'il y tient. Me Dupond-Moretti condamne la manipulation des jurés, la partialité des juges et il nous démontrera qu'il peut faire venir la larme à l'oeil. Non pas dans une mauvaise foi mais plutôt comme affirmation. L'avocat est aussi là pour nous conter une histoire subjective, là où d'autres doivent s'en tenir à l'arbitrage, la médiation.

L'ouvrage est ... nécessaire. Légitime et utile. Il y a de l'authentique, de la véracité et surtout de la très grande volonté. J'ai pu lire que cela ne martèle pas assez en profondeurs, mais pour quelqu'un comme moi (ignorante du Droit, ignorant de la Justice) il y a assez pour me positionner. Ne pas me ranger de manière moutonnière derrière la bannière de "Acquittador" mais au moins comprendre l'enjeu de son discours. Pour moi la loi prévoit mais c'est l'homme qui envoi et voit ce qu'il veut voir, ce qu'il peut faire voir, ce qu'il doit faire voir.

"Défendre, ce n'est pas mentir mais mettre la procédure pénale au service de la vérité d'un homme."
"J'en reviens à l'absence totale de culture du doute"
"Du droit, pas de la morale."

On ne parlera pas que de courage, de dénonciation, de blessures, d'alertes, d'incompréhensions car il s'agit avant tout d'un devoir que se donne Me Dupond-Moretti. Et pour ma part, il est dûment mener.

Commentaires

  1. Il a les bons mots lui..! Mais moi, ça me choque aussi que des gens puissent défendre des gens aussi horribles. Malheureusement, il en faut bien. Si leur conscience est toujours intacte après ça alors... qu'ils le fassent !

    Mais pour m'ouvrir l'esprit je pense que je vais encore acheter un livre bientôt xD

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

On a tous une héroïne : la Mienne est japonaise.

"Quoi ma gueule?"

BringBackSense8 ou la goutte d'eau qui fait tomber mes vases préférés.